Tout savoir sur les marchés publics dans les ASBL

Publié le 20 avril 2023 dans Juridique


Source : monasbl

COMMENT DÉFINIR UN MARCHÉ PUBLIC ?

Le marché public est défini comme le contrat à titre onéreux conclu entre un ou plusieurs opérateurs économiques (entrepreneurs, fournisseurs ou prestataires) et un ou plusieurs pouvoirs adjudicateurs ou entreprises publiques et ayant pour objet l’exécution de travaux, la fourniture de produits ou la prestation de services.

Plusieurs éléments sont nécessaires pour qu’un marché public existe :

  • un pouvoir adjudicateur ;
  • un contrat à titre onéreux ;
  • un ou plusieurs prestataires ;
  • l’exécution de travaux, la fourniture de produits ou la prestation de services.

L’ASBL, UN POUVOIR ADJUDICATEUR ?

Dans le cadre de cette législation, l’ASBL soumise au respect des règles de marchés publics est considéré comme un pouvoir adjudicateur.

UN CONTRAT À TITRE ONÉREUX CONCLU AVEC L'ASBL

Sauf exception, l’ASBL qui constitue un pouvoir adjudicateur devra conclure un marché public pour toute relation contractuelle onéreuse.

La législation ne vise que les relations générant un échange d’argent ou onéreux. Une prestation gratuite, sans aucune contrepartie, offerte par un partenaire, n’est pas soumise à un marché public. De la même manière, l’octroi d’un subside ne constitue pas un marché public.

Prenons comme exemple une ASBL qui organise une formation en insertion professionnelle de jardinier. Celle-ci reçoit d’un voisin, entrepreneur de jardins, des outils dont il ne se sert plus sans aucune contrepartie. Il n’est pas nécessaire d’appliquer la législation relative aux marchés publics.

Si cette même ASBL demande à l’entrepreneur de jardins d’assurer des exercices pratiques en échange de la possibilité d’utiliser l’outillage de l’ASBL, il s’agit d’une relation onéreuse. Elle ne donne pas lieu à un échange d’argent en tant que tel, mais entraîne un coût tant pour l’ASBL que pour l’entrepreneur de jardins. Cet échange sera alors soumis à la législation relative aux marchés publics.

Un marché n’est pas l’autre. La législation définit des seuils. Les règles et exigences se renforcent en fonction du montant estimé du marché (inférieur ou supérieur à 30 000 euros, égal ou supérieur à 144 000 euros, etc.).

LE OU LES PRESTATAIRES

Dans le cadre d’un marché, l’ASBL contacte plusieurs candidats prestataires qui décident de remettre ou non une offre. Les prestataires potentiels qui remettent une offre sont appelés « soumissionnaires ».

La façon dont ces candidats sont contactés et désignés évolue en fonction du type et du montant du marché.

UN OBJETC : DES TRAVAUX, DES FOURNITURES OU DES SERVICES

Pour être un marché public, le contrat doit avoir un objet spécifique :

  • l’exécution de travaux ;
  • la fourniture de produits ou la prestation de service.

L’objet du marché doit être soigneusement déterminé : il permet l’application des règles spécifiques à chaque type de marché.

On distingue ainsi 3 types de marchés :

  • les marchés de travaux ;
  • les marchés de fournitures ;
  • les marchés de services.

Les règles de publicité, de sélection, de réception et d’exécution diffèrent en fonction du type de marché. Il peut par ailleurs y avoir des cas de « marchés mixtes ».

MODES DE PASSATION DE MARCHÉ

Pour passer son marché, le pouvoir adjudicateur doit utiliser l’un des modes de passation prévus par la législation :

  • la procédure ouverte : tous les opérateurs économiques intéressés peuvent remettre une offre ;
  • la procédure restreinte : en deux étapes, seuls les candidats retenus peuvent remettre une offre ;
  • la procédure concurrentielle avec négociation ;
  • la procédure négociée directe avec publication préalable : elle recouvre l’ancienne procédure négociée avec publicité ;
  • la procédure négociée sans publication préalable : il s’agit, pour l’essentiel, de l’ancienne procédure négociée sans publicité. C’est essentiellement à celle-ci que les ASBL font appel lorsqu’elles sont soumises aux marchés publics ;
  • le dialogue compétitif ;
  • le partenariat d’innovation.

LE CADRE LÉGAL

Les marchés publics sont régis par une réglementation spécifique issue de directives européennes qui s’appliquent aux pays membres de l’UE et qui ont été transposées en droit belge.

Depuis le 30 juin 2017, les textes en vigueur sont :

  • l’arrêté royal du 14 janvier 2013 établissant les règles générales d’exécution des marchés publics ;
  • la loi du 17 juin 2013 relative à la motivation, à l’information et aux voies de recours en matière de marchés publics, de certains marchés de travaux, de fournitures et de services et de concessions ;
  • la loi du 17 juin 2016 relative aux marchés publics ;
  • l’arrêté royal du 18 avril 2017 relatif à la passation des marchés publics dans les secteurs classiques ;
  • l’arrêté royal du 18 juin 2017 relatif à la passation des marchés publics dans les secteurs spéciaux (secteurs de l’eau, de l’énergie, des transports et des services postaux).

La législation relative à l’agréation des entrepreneurs de travaux s’applique aussi.

LES SECTEURS

Pour l’application de la réglementation, les pouvoirs adjudicateurs sont regroupés par secteurs, on distingue les secteurs classiques et les secteurs spéciaux :

  • les secteurs classiques concernent la majorité des pouvoirs adjudicateurs : l’État, les Régions, les Communautés, les Provinces, les communes, les organismes d’intérêt public, les CPAS, certaines ASBL subsidiées, les sociétés de logements sociaux, etc. Ils sont soumis au régime le plus strict de la réglementation ;
  • les secteurs spéciaux sont les secteurs de l’eau, l’énergie, les transports et les services postaux. Ils bénéficient d’une réglementation plus souple.

LA NOTION D'OFFRE ÉCONOMIQUEMENT LA PLUS AVANTAGEUSE SE GÉNÉRALISE

Depuis l’entrée en vigueur de la nouvelle législation, les ASBL opteront toujours pour l’offre économiquement la plus avantageuse. 

LES SEUILS DE MONTANT

Afin de faciliter la gestion des marchés publics de petits montants, le marché conclu sur simple facture acceptée est dorénavant possible jusqu’à un montant de 30 000,00 € HTVA.

Cela signifie que, pour la plupart des marchés qui doivent être réalisés par les ASBL, une comparaison d’offres, pour autant que cela soit possible, est la seule procédure à réaliser. 

En effet, tout marché dont le montant est inférieur à 30 000,00 € ne nécessite pas de recourir à la procédure négociée sans publication préalable.

LES PRINCIPES

Différents principes généraux doivent être respectés dont ceux de la non-discrimination, d’égalité de traitement, de transparence et de proportionnalité, le respect du droit de l’environnement, du droit social et du droit du travail, le principe forfaitaire, le paiement pour service fait et accepté, le conflit d’intérêts.